Trajet Samaïpatha/Sucre- 10h de route en bus de nuit-un trajet surréaliste /par Nathalie

nuit du 5 au 6 septembre

A l’extérieur du bus, la pleine lune laisse entrevoir les montagnes partout, immenses, morceaux de rocs géants, devant, à bâbord, à tribord. On a l’impression de slalomer autour de rochers gigantesques en les évitant de justesse. A certains endroits le noir épais fait imaginer de profonds précipices, et d’un seul coup l’ombre des cactus à apparence humaine tels de grands spectateurs sur le chemin, apparaît au bord de la route…Ce paysage de nuit est surréaliste, très beau, on a plus envie de dormir, on veut tenir éveillé pour profiter toute la nuit des paysages.

Et puis de toute manière, c’est impossible de dormir, car tout bouge, tout sursaute, on décolle même régulièrement des sièges lors des secousses les plus grosses, les fenêtres s’ouvrent sans cesse et on les referme tout le temps, la poussière de terre rouge en profite pour entrer en grosses bouffées… C’est incroyable quasiment 7 heures de secousses ininterrompues, on a l’impression parfois que le bus a perdu la route et descend directement la montagne, d’autre fois, les chaos me rappellent une descente en VTT crispée avant la chute….

A l’intérieur, tout le monde tant bien que mal essaie de trouver le sommeil, mon voisin se cale entre moi et la fenêtre, au début du voyage c’est très désagréable, mais la nuit et le froid progressant, cela procure un peu de chaleur: il faut bien positiver!

Au milieu du couloir, par terre, sur un tissus quechua, un petit enfant dort paisiblement dans les secousses. Il s’est endormi dès que la lumière du bus s’est éteinte dissimulant ainsi mon effrayante tête blanchâtre d’occidentale…Par moment, il glisse et sa tête touche mes pieds. Sa maman dort. J’en profite donc pour le recaler en soulevant sa toute petite tête pleine de cheveux épais et très doux.Un peu de douceur dans la rudesse du parcours…

A cinq heures le bus est arrivé à Sucre avec 2 heures d’avance, d’autres péripéties nous sont arrivés encore dans le bus et nous en sommes descendus complètement fatigués, quasi hagards mais bizarrement heureux d’avoir vécus ces moments. Ces magnifiques paysages d’une nuit de pleine lune sur la route de sucre sont inoubliables.