L’art du piéton /par Christophe

Inde, Mumbai ,le 20 février 2015

Pour une famille de piétons française traverser une route à Mumbai tient à la fois d’un jeu vidéo télé-réel, d’un sport extrême et d’une épreuve de foi en la miséricorde de dieu. Les codes de la route en Inde étant aussi mystérieux que les textes sacrés védiques pour les profanes que nous sommes, il faut s’en remettre, comme pour les cérémonies religieuses, à imiter sans comprendre l’usage des autochtones. L’interprétation de la couleur des feux de circulation est ainsi très dépendante du contexte variable selon les situations aléatoires rencontrées. On peut tout aussi bien avoir à passer au rouge que devoir s’arrêter au vert. Ainsi que le contraire.

Quelques observations pratiques: à un feu, au rouge, les voitures à l’arrière klaxonnent, poussent (au sens propre) les voitures à l’avant, qui sous la pression grignotent peu à peu le croisement, jusqu’à démarrer bien avant le passage du feu au vert. Les passages piétons existent mais ils ont une valeur purement symbolique, héritage du Raj britannique sans doute. Le flux piétonnier est d’ailleurs en Inde un fluide visqueux. Les véhicules s’y enfoncent à coup de klaxons et de pare-choc, sans le rompre, le flux se refermant très vite pour remplir le moindre espace vide. L’ensemble de la circulation se réglemente ainsi à coup de klaxons qui ne sont pas ici l’expression d’un geste d’agressivité, mais un véritable langage. Les Indiens ont le klaxon poli, pour preuve l’inscription à l’arrière des camion : « Horn, Please ».