Les tours Jaïns /par Christophe

Inde, Chittorgarh, le 1er mars 2015

Dans la forteresse de Chittorgarh, parmi les ruines des palais dévastés par les armées Moghols d’Akbar se dressent, inaltérables, vivantes encore, les tours des temples Jaïns. Étroites, elles sont plantées en terre, avec la force d’un tronc ; quatre faces s’élevant dans un tourbillon de sculptures et d’ornements, et en leur cœur, un escalier, montant au ciel. Grimper cet escalier, c’est gravir une montagne de l’intérieur ; comme un tunnel exigu à travers le roc, l’escalier suit un chemin sombre et escarpé vers une destination inconnue, à travers des murs minutieusement sculptés comme les facettes d’un cristal, ou sombre, paroi de granit nue. L’escalier poursuit sa route, parfois un instant s’arrête à une halte, l’effigie d’un Grand Maître effacé par l’obscurité et le temps, son visage serein formant comme une clairière dans l’obscurité étriquée de la pierre. L’escalier poursuit toujours, à travers le rocher profond, tournant, tournant sur lui même pour s’élever plus haut. Mais soudain s’arrête. Une dernière marche débouche sur une plate-forme, ouverte à tous les vents, ultime échafaudage de cette tour de Babel, forcément inachevée.