La nature fait son cinéma /par Christophe

Inde, Sikkim, trek du Dzongri La, 2 avril 2015

Troisième jour de randonnée dans l’Himalaya. Il neige. La brume efface les paysages. Nous devinons à peine les forêts de rhododendrons qui bordent le chemin, le sentier se perd devant nous dans les nuages qui ont englouti la montagne. Nous parvenons au refuge de Dzongri en début d’après-midi. Les cabanes sont blotties à quatre mille mètres dans un creux entre des collines. Lorsque les nuages s’éclaircissent en milieu d’après-midi, il dévoile un sentier que prennent les bêtes, chevaux et yacks, jusqu’à une ligne de crête. C’est là que le spectacle commence.

Face à la crête, les nuages s’étirent, s’enroulent, tendent leurs longs bras vers les nuées, ils dansent. Soudain leurs brumes se lèvent et laissent voir les cimes, neiges étincelantes et rocs sombres déchiquetés. L’image s’efface vite, mais les nuages dans leur danse laissent ainsi parfois apparaître des pans de montagnes, des trouées de ciel, comme des apparitions grandioses. La montagne se devine face à nous, par bouts, titanesque. Le regard captif plonge dans ce décors immense comme dans un océan, sans cesse changeant, la danse des nuages s’accélère, au fur et à mesure que la montagne avance, devient combat, l’air contre la terre. Un temps la montagne envahit tout l’espace, géante, déchirant sur ses pics de grands lambeaux de nuages. Mais la brume afflue des vallées, les nuages ‘épaississent, et enveloppe une nouvelle fois la montagne. Le spectacle est terminé.