La micro-économie des trains en Inde /par Christophe

Inde, le 13 avril 2015

Le train est une institution en Inde. Le maillage serré de rails qui couvre le pays entier permet de se rendre en tout point pour une bouchée de pain. 5 € par personne pour 800 km sur le trajet Jaisalmer-Jaipur, par exemple en couchette SL (classe couchette bas prix). Les grosses locomotives traînent donc sans relâche leur longue ligne de wagons, à 50, 80 km/h max. et quelques heures de retard. Un service public, vital, au moindre coût, et qui compte sur l’entreprise individuelle pour assurer le « service client ». Le tout petit commerce s’est donc organisé par lui-même et toutes sortes de gens offrent toutes sortes de services.

Les wagons indiens sont ainsi un incessant va-et-vient de colporteurs. Omniprésent, le vendeur de « massala chai » (thé indien épicé au lait), parfois de café, passe et repasse, son réservoir d’eau chaude à la main, ainsi que les vendeurs d’eau (« pani bottle »). On vend une grande variété de plats, telle la salade de pois chiches, dans de lourdes marmites, servie dans un cône de papier journal, mais aussi des plats de riz, des galettes (dosas), les concombres au sel, des fruits et d’autres mets inconnus, selon les endroits, parfois servis dans de belles cantinières ouvragées. Mais il n’y a pas que la nourriture, passent aussi des vendeurs de journaux, de jouets, de cadenas, de nappes, et autres objets pouvant être utiles pour le voyageur. Nous avons pu ainsi faire l’achat d’une pochette plastique imperméable très pratique pour protéger nos passeports. D’autres proposent leurs services « à la personne » : les transsexuels pour une bénédiction qui porte chance, des groupes de musique vocale et percussions, les balayeurs, pauvres, parfois des enfants, qui passent une balayette de paille sous vos pieds. Il y a des services plus inattendus, tel ce personnage à l’allure docte, nettoyeur d’oreilles. Il enfilait très habilement un tige profondément dans le conduit auditif pour en retirer les bouchons de cire. Tout ce monde remplit le wagon d’une agitation de ruche, pour subvenir aux besoins nécessaires et superflus du voyageur. Une économie de proximité.