Coup de gueule /par Nathalie

Chine, Beijing, 25 juillet 2015

Dans un petite épicerie, j’ai confondu un shampoing et un savon liquide. Truc courant pour le voyageur où toutes les inscriptions sont des énigmes… Je demande donc gentiment, mais tout de même après achat, si je peux échanger les produits.

D’un coup, la colère monte sur le visage de l’épicier-caissier, et boom, il explose! Il se met à me hurler dessus. Il articule fort, très fort des idéogrammes rudes et bien espacés. Sa bouche gesticule, se tord, s’ouvre violemment laissant paraître dans l’absence de ces dents de devant la vision béante de son palais.

Ça, c’est un coup de gueule Chinois, cela arrive toujours sans prévenir un peu comme les averses pékinoises qui inondent les rues dans cette période de l’année. Dans le métro, dans les restaurants, dans le bus, dans les magasins, le ton monte soudainement, 2 interlocuteurs se hurlent dessus pendant quelques minutes puis, le calme revient et toutes les activités reprennent comme si rien ne s’était passé. Cela nous paraît toujours très violent mais non c’est normal…Les chinois ont le sang chaud, voilà tout…

Comme je ne suis pas chinoise, pendant 2 minutes, je fixe le spectacle de cette bouche édentée en sur-activité. Il ne fait nul doute que je suis allée trop loin. Une fois que je peux placer quelques signes de mains, je m’exprime en langage des signes: il n’y a pas de problème, je comprends et j’achète le shampoing en plus… Devant mon incapacité totale à une répartie aussi punchie, l’épicier reste un peu sur sa faim, tandis que je ressors heureuse d’avoir eu le droit de vivre cette fureur verbale toute chinoise.