Quelques portraits d’Amérique du Sud /par Christophe

Amérique du Sud, le 1er novembre 2014

Quelques portraits de gens croisés en chemin.

Bolivie

Un air de professeur, avec ses petites lunettes et son épouse douce, au milieu de la forêt. Discutant politique, supporter d’Evo Morales. Gardien de sa forêt qu’il adorait. Son fils d’une douzaine d’années lui obéissait sans sourciller. Lorsqu’il allait à la ville il s’habillait, se peignait, se parfumait, soigneusement. Pour qui ?

Chili

Taxi ici, il avait travaillé très longtemps en France. Il avait eu des enfants là-bas. Il était revenu voilà dix ans. Il espérait pouvoir bientôt toucher sa retraite française. Il regrettait la cuisine française. « Ici, ils ne savent pas cuisiner ! », nous dit-il.

Bolivie

Une jeune femme. Un air moderne, lunettes de soleil en bandeau dans ses cheveux ; deux petites filles, deux hommes différents, partis. Ici les femmes ne se marient pas, nous expliqua-t-elle, pas comme à La Paz. Deux petites filles, l’une dans ses bras, l’autre par la main. Elle avait fait deux bébés toutes seules.

Brésil

Dans un bout du monde, avec sa jeune épouse enceinte, sur le bord de mer, il s’adonnait avec énergie au jardinage bio. Très sensible à l’environnement. Il avait quitté Sao Paulo, pour ce coin de terre préservé, en bord de mer et de forêt. Un retour à la nature moderne.

Bolivie

Quechua, c’est son peuple et sa langue. Son histoire aussi, qu’il connaissait très bien, ainsi que sa région. Le même pays, mais une autre nuance. Comment dit-on « bonjour », en Quechua ? C’ est compliqué nous répondit-il ; les Incas disaient « Ama suwa, ama yuya, ama qella » – ne vole pas, ne mens pas, ne soit pas paresseux (la paresse était un crime condamné à mort). A quoi l’on répondait « toi aussi ».

Bolivie

Elles vendent des bonbons, à demi-mendiantes, menues et délicates, et infiniment vieilles. Sur leur dos tordus, au bout de leurs mains sinueuses, se penchent leur masque sans dent en peau ridée. Leurs yeux insistants percent le cœur, plus effrayants qu’implorants. Elles parcourent ainsi la place de la ville, toutes semblables dans leur âge perdu.