Yunan et Sichuan- la plaisir des voyages en bus/ par Nathalie

Les voyages en bus dans le Yunan ont été très longs. 20 heures de bus, 30 heures de bus, des trajets cahotiques pleins de poussières de secousses qui nous font parfois quitter nos sièges, les toilettes à la chinoise où on s’aligne les unes à côté des autres sur une rigole, les arrêts ultra rapides ou il faut choisir: manger ou aller au WC, les arrêts incessant dans des tournant où on ne peut passer à deux et où il faut reculer, les accidents évités de justesse, le précipice à droite, la montagne à gauche, les contrôles de police, les sondages du chauffeur auquel nous ne comprenons rien, les grandes maisons tibétaines telles des chateaux forts perdues dans les étendues désertiques… Tout cela nous a parfois donné la sensation d’atteindre le bout du monde. Et, pourtant, on est dans le Yunan en plein Ouest de la Chine, et on arrive toujours indubitablement à un petit village chinois qui s’apparente à la grandeur d’une ville de chez nous… Au bout du chemin, on voit apparaître maisons, rues, commerces, hôtels.

Nos 30 heures de bus, nous font regarder avec interrogation les voyages français de quelques heures qui nous ennuient et les enfants pensent que plus jamais ils ne s’ennuieront lors d’un voyage en France. Notre voyage pour Daochen aurait pu être plus long encore: sur la route sinueuse, nous avons rencontré un énorme bouchon de camions. On avait pourtant réussi à doubler 3 mastodontes, y compris celui avec l’énorme turbine qui est passé à quelques cm de l’oreille de Stépane. Mais là, tout le monde s’est lèvé dans le bus, comment passer l’obstacle? En bas dans un lacet, 2 énormes chenilles multicolores l’une face à l’autre bloquant toute circulation, 40 camions entassés sur la route escarpée et suivant la montagne, comment démêler la situation… On s’arrête, on descend, on prend nos bagages, et on marche en suivant tous notre chauffeur qui a un plan ! On marche en direction du fauteur de trouble, un camion en panne en plein milieu de la route. Une bièle par ci, un chiffon encrassé par là, le plan A- réparation- semble avoir échoué. Solidaires, les chauffeurs des camions attaquent le plan B, il se relaient à la bêche (ils en ont qu’une!) pour attaquer la montagne et frayer un chemin. Stépane propose un plan C “ Pousser le camion dans le Ravin”. Nous ne connaîtrons pas la suite car nous nous défilons grâce à la ruse de nos conducteurs de bus: les passagers du bus de l’amont échangent leur place avec les passagers du bus de l’aval. Un petit km de marche avec bagages et nous voilà reparti!

Plus tard, c’est aussi en bus que nous quitterons l’Himalaya que nous ne reverons plus lors de notre grand voyage autour du monde. Nous parcourons les routes de montagnes sous un beau soleil qui empêche Nastasia de faire de la tablette mais qui donne aux douces montagnes de premier plan un belle couleur jaune fluorescent. Les yacks noirs y paraissent petits espacés, comme des fourmis immobiles se détachant dans le jaune des belles montagnes arrondies. Plus loin on aperçoit de gauche à droite en passant par le milieu, les montagnes bleues rêves de l’Himalaya finissant en pointe aiguës et blanches. Il y a un pic plus grand et plus haut dont nous ne connaisons pas le nom mais qui rejoint la forêt de nuages blancs ressortant sur le ciel bleu azur. Le paysage est magnifique, il nous suit pendant des heures et ne nous lasse pas. C’est un peu comme si l’Himalaya nous faisait de l’œil pour que nous revenions un jour peut-être!