Les villes chinoises /par Christophe

Chine, 4 juin 2015

Lanternes rouges, bicoques de bois et leurs toits incurvés, cri des vendeurs de rue leur charge en balance sur les épaules, et les pousses-pousses. Avec dans le lointain l’harmonie des cinq sons d’une corde et les parfums d’encens. Tout cela, rasé. La Chine de l’Empire Céleste est partie en poussière, écrasée par les bulldozers de la reconstruction moderne par la République Populaire. La ville chinoise c’est maintenant une structure de tours d’immeuble, hauts rectangles simples, à grande vitesse de croissance et grande capacité de logement. La zone pavillonnaire n’existe pas. Les villes sont hérissées de grues. De vastes programmes d’urbanisations planifient parfois sur plusieurs décades et mettent en œuvre le relogement de milliards de ruraux. Pas de bidonville, les tours s’élancent vers le ciel, souvent illuminées la nuit, claires et tranchantes. Les derniers vieux quartiers, insalubres par nature, sont détruits pour laisser place au saint parallélépipède rectangle. Ainsi Chongqing, vieille cité pittoresque chinoise passée de un à presque trente millions d’habitants en cinquante ans ; les rangées des tours surplombent les dernières maisons en bois en cours de destruction, enserrant de leurs griffes verticales le fleuve Yangzi dans un paysage urbain futuriste inhumain. Les chinois regrettent-ils leurs villes d’antan. A priori non. Car la beauté est moderne. Sen croisière, alors que nous regardions et photographions du bateau un vieux temple s’élever d’une colline sur la rive, les Chinois, eux, regardaient et photographiaient les barres d’immeubles de la villes modernes sur l’autre rive. En mémoire du passé, et par esprit commercial, certains vieux quartiers détruits sont reconstruits proprement avec un air vieux, ou une nouvelle rue sera construite sur le style ancien. Une ville en Chine aura ainsi toujours une ou quelques rues neuves de vieilles habitations reluisantes, à haut rendement, elles, de shopping. Lijiang dans le Sichuan est ainsi renommée pour son vieux quartier flambant neuf plus affairé qu’une galerie marchande une veille de Noël. Dans ce tissus neuf les anciens plaisirs subsistent néanmoins : partie de carte ou de majong sur le trottoir, danse en groupe le soir, gargotes de nouilles … des gestes ancestraux entre les enseignes internationales nouvelles : Samsung, KFC, Red Bul, …